Les mains dans les poches pour se protéger du froid, Jean-Louis Leley, le regard perdu, fait quelques pas entre les drapeaux du syndicat Unsa. En cette fin de matinée, jeudi 14 février, le père de Cédric Leley, 30 ans, agent de sécurité mort en octobre en se rendant au travail, en veut à son ancien employeur, la société Securitas.
Venu au rassemblement que le syndicat autonome organisait en la mémoire de son fils devant le siège social de la société à Paris, il ne comprend toujours pas comment l'ex-employeur «a pu abuser de son fils à ce point».
«Epuisé». Attendant toujours, plus de quatre mois après le décès de Cédric, que la direction le contacte, il accuse : «Cédric était épuisé. Jamais ses plannings n'étaient respectés, il était appelé à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, pour être envoyé sur un site, parfois distant de 80 km du domicile, juste pour deux heures trente de travail. Il faisait parfois des semaines de plus de cinquante heures, alternant travail de jour et de nuit. Il était trop gentil et serviable, ils en ont profité.»
Epuisé et sous pression, son erreur de conduite, ce jour-là, pour se rendre une nouvelle fois en urgence sur un site, est directement liée à son état de fatigue, selon son père. Un surmenage d'autant plus important qu'en 2007, Cédric a dû «faire intervenir le délégué syndical pour obtenir ses premiers congés de l'année, à partir du 11 novembre.» Cédric n'aura pas eu le temps d'en profiter, il est décédé le 16 octob