Pour tenter de comprendre les raisons pour lesquelles une quatrième personne travaillant au Technocentre de Renault s'est suicidée, Libération a interrogé un salarié, qui a demandé à conserver l'anonymat.
Comment expliquer cette vague de suicides de personnes travaillant au Technocentre ?
Renault est une ancienne entreprise d’Etat, à la structure typiquement française, très bureaucratique et hiérarchisée. La majeure partie du personnel a été embauchée dans les années 80, avec le mythe de l’emploi à vie. L’alliance avec Nissan, et même le contexte mondial avec une concurrence accrue, ont modifié la donne. Les employés sont maintenant susceptibles d’être virés du jour au lendemain et se voient confrontés à des objectifs plus élevés: ils doivent faire plus et mieux.
L'organisation du travail est-elle en cause ?
Oui. Dans l’entreprise, il y a neuf niveaux hiérarchiques intermédiaires. Ce qui veut dire qu’entre celui qui est tout en haut, qui donne l’ordre initial, et celui qui reçoit l’ordre final, il y a neuf personnes qui doublent des objectifs à chaque étape, pour justifier leur existence. Comme le PDG Carlos Ghosn veut en supprimer la moitié, ils stressent encore plus. La structure même du Technocentre est assez flippante. Au milieu du bâtiment, il y a un énorme open space: la ruche. En fait, de tous les endroits du centre, on peut voir les gens qui font une pause pour prendre un café. Donc, comme l’ambiance est assez délétère, person