Brouter, se doper aux céréales et donner du lait. Toujours plus de lait. Les vaches européennes devront produire davantage dès la prochaine campagne, qui débute le 1er avril. Car au Conseil des ministres de l'agriculture, hier à Bruxelles, les Vingt-Sept ont donné leur feu vert à une hausse de 2 % des quotas laitiers (soit 2,8 millions de tonnes supplémentaires). Premier pas vers la libéralisation du marché laitier européen. «On va continuer d'augmenter les quotas, pour aboutir à leur suppression en 2015», explique un diplomate français proche du ministre, Michel Barnier. «Le marché du lait devrait rester porteur.» Comprendre : la demande est là, les prix sont élevés.
Derrière ce discours, la France a une position ambiguë. En apparence ni pour ni contre, elle s'est abstenue hier, alors que la mesure a été adoptée à la majorité qualifiée. Dans le fond plutôt contre, elle a signé une déclaration avec les deux principaux pays opposés à la hausse des quotas, l'Allemagne - premier producteur de lait en Europe - et l'Autriche. «On émet des réserves, mais on ne veut pas bloquer l'ensemble des marchés européens», note le diplomate.
Deux logiques se télescopent. D'un côté, le Conseil, qui avalise une proposition de la Commission, veut éviter la pénurie. Car les Russes, les Chinois et les Indiens consomment toujours plus de produits laitiers, et, par conséquent, les prix flambent. La question se posait donc d'augmenter le nombre de litres pour combler cet appétit. U