Libre, mais pas tranquille pour autant. Placé en détention provisoire le 8 février, Jérôme Kerviel a été remis hier en liberté par la cour d'appel de la chambre de l'instruction, avec un contrôle judiciaire strict qui l'empêche de quitter la région parisienne. L'ex-trader de la Société générale est sorti à 15 h 30 de la prison de la Santé, à Paris. Pour une mise au vert d'une dizaine de jours. «Jérôme va aller se reposer», avait lâché plus tôt Me Elisabeth Meyer, son avocate. Et ajouté, comme une supplique aux journalistes : «On va tous le laisser se reposer.» Pas certain que l'avocate soit entendue. Depuis que sa direction a révélé que ses prises de position avaient coûté 4,9 milliards d'euros, Jérôme Kerviel est devenu une célébrité mondiale. Et son patronyme, un nom commun, - «Je veux être le Jérôme Kerviel de l'art contemporain», a lancé récemment Loris Gréaud, un artiste qui expose au Palais de Tokyo. Pourtant, derrière le mythe se cache un homme bien réel. Grâce aux enquêtes de la Société générale et à l'instruction judiciaire, la personnalité de l'ex-trader et le contexte de cette affaire commencent à se dévoiler.
Un trader pas si seul et pas si génial
Quand le scandale éclate, le 24 janvier, Daniel Bouton, président de la banque, présente Kerviel comme un «escroc», un «fraudeur» et un «terroriste» qui aurait agi «seul» et réussi à «échapper à toutes les procédures de contrôle». L'ex-trader est décrit comme un géni