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Libération

Les traders déconfits de la Bear Stearns

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publié le 20 mars 2008 à 2h47

La banque d'investissement Bear Stearns, sur Madison Avenue à New York, est à un jet de pierre du gratte-ciel anthracite de son rival, JPMorgan, qui l'a rachetée ce week-end pour une bouchée de pain. Au pied des baies vitrées de la tour, ils sont une dizaine de fumeurs, en chemise malgré le froid, arborant leurs cravates flamboyantes de traders qui semblent autant de cordes au cou. «Ma femme va accoucher de notre troisième, il va falloir que je trouve vite un job, grimace Anthony, un broker de Bear Stearns. Mais le monde de la finance est sinistré.»

Banqueroute. Plombée par les subprimes, la Bear Stearns, dont l'action valait l'an dernier 170 dollars, a été bradée à 2 dollars ce week-end. Sur l'une des vitres du rez-de-chaussée, un billet de ce montant dérisoire est ironiquement scotché. Même si le cours de la banque est remonté depuis lundi, porté par l'éventualité d'offres concurrentes, les milliards se sont mués du jour au lendemain en ridicules millions, signifiant la banqueroute de ce pilier de Wall Street qui emploie 15 000 personnes dans le monde. L'un des traders dit travailler ici depuis «plus de dix ans». Avec un sourire amer, il note que la banque, depuis 1923, a survécu à toutes les turbulences boursières, et qu'il «ne s'y attendait pas». «On l'a appris ce week-end par la presse!»«D'après ce que je sais, dit John, un analyste déconfit, JPMorgan ne gardera même pas le nom Bear Stearns. On va être absorbés.»

Il ne croi