Ils ont trimé cinquante-six heures par semaine pour peindre des paquebots. Jusqu'à être licenciés, simplement par oral. Depuis, trois Grecs font la grève de la faim. Eau sucrée depuis le 14 mars, tisane, patience et mines sombres. A Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), sur le chantier d'Aker Yards - le repreneur norvégien des Chantiers de l'Atlantique -, ils réclament chacun 8 000 euros d'arriérés de salaires.
Matelas Avocat de la société allemande Elbe, qui les emploie, Ulrich Zschunke campe sur 2 600 euros. Et plaide la résignation : «Il faut avoir le courage d'exister dans un monde plus global que le village gaulois qu'on aimerait protéger.» Faute de négociation, il conseille aux grévistes d'aller en justice, mais sans espoir de référé, selon lui. Une façon de renvoyer l'affaire à plus tard. «Le patron est turc, mais la société est allemande et n'a pas de bureau en France. À qui voulez-vous que les prud'hommes français s'adressent pour un procès? Ça va durer des mois», se lamente Leonidas Theocares, sur son matelas, dans le hall de l'hôtel de ville de Saint-Nazaire. Les trois grévistes sont convaincus qu'il faut tenir, sur place, pour être payés. Nikolaos Aslamazidis en sait quelque chose. Il y a quelque temps, toujours à Saint-Nazaire, il s'est déjà fait avoir par une autre société allemande. On lui avait promis que, de retour au pays, il toucherait son mois et demi de paie en retard. Revenu en Grèce, Nikolaos n'en a jamais vu la couleur. Vendredi, quatre heure