L'estuaire souillé de la Loire craint les grandes marées. Avec des coefficients de 107 et 109, dimanche et lundi à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), l'étalement des hydrocarbures, qui auraient déjà dérivé jusqu'aux îles de Ré et d'Oléron, risque de s'accentuer. Avec ou sans vent, l'élévation des eaux gagnera des prairies et zones jusqu'ici préservées, s'avançant plus loin que jamais depuis la fuite de pétrole à la raffinerie Total de Donges le 16 mars.
En quinze jours de pompage et de lessivage des berges, les effectifs mobilisés sont passés de 200 à 900 professionnels du nettoyage industriel, pompiers et agents de sécurité civile. Les délais avancés pour terminer ces chantiers n'ont pas été tenus. Présomptueuse, la promesse de faire place nette avant le week-end de Pâques. Pensant à un incident mineur, l'Etat n'a pas déclenché le plan Polmar, et n'a donc pas mobilisé de militaires ou les moyens de la Marine nationale, laissant Total sous-traiter les marchés du nettoyage et assumer les frais. L'incident s'est vite révélé ingérable. Impossible de calmer l'estuaire, espace perpétuellement remué. Le débit de la Loire et le mouvement des marées se chargent de fragmenter les nappes d'hydrocarbures et de les répartir un peu partout, badigeonnant rives, quais et rochers. Le va-et-vient du courant et des marées a vite débordé l'estuaire, jusqu'aux plages de part et d'autre de l'embouchure : La Baule, Saint-Brévin. Exactement là où le fioul gluant de l'Erika s'était fourré en 1