Ancien ministre des Finances du Mexique, Angel Gurria, 57 ans, est le secrétaire général de l'OCDE, l'organisation des trente pays les plus développés.
Etes-vous surpris par l'ampleur de la crise ?
Oui, et on se pose chaque jour la question de savoir où elle s'arrêtera. Chaque semaine, une banque révèle l'ampleur de ses expositions aux subprimes ou de nouvelles vagues de corrections. Et quand un cycle vient de se terminer, un autre arrive. Avec des dépréciations faramineuses. Les milliards de dollars de pertes évoqués sont hallucinants. Et ce n'est pas fini !
Cette crise est celle de la dérégulation de la finance, de l'absence de contrôle ?
C'est celle de l'atterrissage, brutal, dans le réel. Le vent de réformes initié le 31 mars par le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, montre qu'il fallait mieux encadrer le système. Mais il n'y a pas que l'absence de régulation en cause, la supervision l'est aussi. Il aurait parfois suffi d'appliquer les régulations existantes, à l'image des accords de Bâle II [destinés à mieux encadrer le risque de crédit et les exigences en fonds propres, ndlr]. Mais les règles n'ont pas été respectées ou n'étaient pas assez strictes.
Où sont les responsabilités de ceux qui ont joué avec le feu ?
Partout où l'on a joué. Dans les banques, les fonds d'investissements, les intermédiaires, les agences de notations, les assureurs. C'est bien simple : toute la chaîne institutionnelle, bien huilé