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Libération

Une crise à un trillion de dollars

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publié le 9 avril 2008 à 3h02

Le Fonds monétaire international (FMI) est enfin sorti de son syndrome des trois singes. Un truc maladif qui le poussait, jusque-là, à ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire sur une crise «d'une amplitude comparable à la crise bancaire japonaise des années 90», écrit-il, voire pire. Le voilà qui s'offre une sortie inhabituellement lucide pour l'institution, fracassante dans la virulence des constats et la précision des défaillances, et la sévérité des recommandations.

Astronomique. Dans son rapport semestriel sur «la stabilité financière dans le monde», le FMI estime que le montant des pertes liées au secteur des subprimes «pourrait atteindre» le chiffre astronomique de «quelque 945 milliards de dollars» (plus de 600 milliards d'euros). Soit 565 milliards de crédits d'habitation, auxquels s'ajoutent des «prêts à l'immobilier commercial, au crédit à la consommation et aux entreprises». Il y a encore six semaines, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, chiffrait les pertes globales à 400 milliards de dollars.

C'est dire, comme le signifie d'emblée le Fonds, que «les événements de ces six derniers mois ont mis en évidence la fragilité du système financier mondial» et posé des «questions fondamentales» sur «l'efficacité de la riposte des institutions publiques et privées». C'est dire, surtout, que le choc, loin d'être amorti, pourrait «s'élargir et s'approfondir». La faute à la «prise de risque excessive»,