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Libération

Haïti dans le piège du mal développement

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Des émeutes ont fait 5 morts et plus de 60 blessés depuis le début du mois sur l'île.
publié le 11 avril 2008 à 3h04

Il y a six mois, Jacques Edouard Alexis, le Premier ministre haïtien confiait à Libération son désarroi : «Pourquoi 500 000 enfants sont encore privés d'école, pourquoi seul 3 % du pays est encore recouvert de forêts ?» Il s'alarmait de «la question alimentaire, des problèmes du logement, du non-accès à la santé» qui étreignaient les 9 millions de Haïtiens. Il avouait la faiblesse d'un Etat sous perfusion, financé à 60 % par l'aide internationale : «On se retrouve dans une situation lamentable, confiait-il. L'instabilité politique depuis vingt ans nous a empêché d'exploiter le potentiel, maritime ou agricole de l'île. On est sur le fil du rasoir.»

C'est dans ce contexte de paupérisation, d'inégalités faramineuses (80 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour) et de flambée des produits de base - en moins d'un an, la hausse des prix est supérieure à 50 %, selon une source onusienne -, que l'île la plus pauvre d'Amérique latine et des Caraïbes se retrouve en proie, depuis le début du mois, à des émeutes de la faim, qui ont fait 5 morts et plus de 60 blessés. «Le drame haïtien, note Ibrahim Aritoubo, le représentant de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), c'est que le gouvernement importe plus de 55 % de ses besoins alimentaires.» Avec des paysans qui vivent en situation de servage : «Ils doivent restituer la majeure partie de leur récolte à leur propriétaire et n'ont pas d