AAbidjan, Ouagadougou ou Dakar, les émeutes provoquées par l'explosion des prix de l'alimentation posent à nouveau la question : l'Afrique est-elle condamnée au sous-développement ? Jean-Michel Severino, directeur général de l'Association française de développement, répond.
La crise alimentaire, chronique d'une crise annoncée ?
Comment s'en étonner quand on sait que le prix moyen d'un repas a augmenté jusqu'à 40 % dans certains pays ? Face à la faim de leurs populations, les gouvernements n'ont d'autre choix que de répondre par des mesures d'urgence. La communauté internationale doit leur venir en aide, à court terme, pour amortir le choc de la hausse des prix. Mais le sujet fondamental, c'est la nouvelle donne agricole mondiale. Seule l'adaptation de l'agriculture africaine permettra au continent de s'émanciper pour de bon de la pénurie alimentaire.
La France vient de baisser en 2007 son aide publique au développement de 15 % et ne parle d'atteindre 0,7 % du PIB qu'en 2015, au lieu de 2012 comme prévu.
Paris joue le grand écart, incertaine de sa position. En Europe, vous trouvez le modèle nordique, avec un consensus politique et citoyen fort pour une aide massive vis-à-vis du Sud. Et le contre-modèle latin (Italie, Grèce) qui donne peu. La France, elle, a une tendance à s'engager tous azimuts. L'effort est louable. Mais dans un contexte de ressources publiques limitées, chaque nouvel engagement risque de chasser le précédent, au détriment de la cohérence et de la crédibilité de