On jugeait les Robin des bois du yaourt vendredi, à Douai. L'histoire commence quelques jours avant Noël 2004. Sept paysans du Nord prennent d'assaut Nestlé. Une attaque en douceur à l'usine de Cuincy, près de Douai. Ils lèvent la barrière de sécurité, se dirigent vers le hangar des yaourts prêts à partir. Ils remplissent en dix minutes leurs voitures de profiteroles, de yaourts aux myrtilles et de desserts à la vanille, et filent sur l'autoroute vers le quartier populaire lillois du faubourg de Béthune. Là, ils distribuent leur butin aux pieds des barres d'immeubles, et leurs tracts signés Confédération paysanne. Ce qu'ils disent ? Que c'est «le pot de terre contre le pot de fer». Qu'ils sont pris à la gorge par un prix du lait trop bas, et prennent à témoin le consommateur : «même quand les prix du lait sont bas, les yaourts sont chers. Par contre, quand nos prix montent, là, la grande distribution le répercute sur le consommateur», résume Antoine Jean, éleveur, devant le tribunal correctionnel de Douai. A ses côtés, Jean-Michel Sauvage, Elisabeth Darras-Ternoy, Gabriel Dewalle, Patrick Lallier, Bernard Coquelle, Hubert Caron.
Touffe. Corps rudes, mains raides, ils racontent, se décrivent, «père de famille», «mère de famille», «syndicaliste», même «chrétien» dit Bernard Coquelle, un grand sec sous sa touffe de cheveux noirs. «En tant qu'homme et en tant que chrétien, je n'accepte pas que la richesse aille toujours dans la poche d