Inflation, chômage, pouvoir d'achat... Le décalage entre la perception de la réalité économique par les salariés consommateurs et son évaluation statistique par l'Insee semble n'avoir jamais été aussi grand. Président de la mission parlementaire sur la mesure des grandes données économiques et sociales, l'économiste et député socialiste, Pierre-Alain Muet, livre son diagnostic.
Faut-il faire encore confiance à l'Insee pour mesurer l'inflation alors que les consommateurs ont été longtemps persuadés que les prix augmentaient plus vite ?
Notre conclusion est que l'indice des prix est une mesure fixée à l'échelle internationale, indispensable pour avoir une idée de la perte de pouvoir d'achat d'une monnaie, mais elle n'est pas suffisante. Nous disons : oui, cette mesure est correcte, mais il faut la compléter. On sait bien que, depuis le passage à l'euro, nos concitoyens ont le sentiment que l'inflation en France est près de deux fois plus forte que sa mesure statistique. Il se trouve que la réalité d'aujourd'hui est en train de rejoindre leur perception. Ce phénomène s'est d'ailleurs retrouvé dans tous les pays européens.
Pourquoi ?
Les explications sont nombreuses. L'une d'entre elles est que les prix qui permettent de repérer l'évolution de l'inflation concernent des biens que les consommateurs achètent couramment. En revanche, on n'achète pas tous les jours des biens d'équipement dont les prix, eux, baissent. Il y a aussi un vrai problème de mesure de la hausse des prix. Par exe