Région nantaise, avril 2008, 7 000 saisonniers s'activent. Ils ont dix jours pour cueillir et mettre en bouquet manuellement les 50 millions de brins de muguet nantais, soit 85 % de la production nationale. Un total d'un million d'heures de travail, soit 70 % des coûts de production. Si le jeu en vaut la chandelle - 12 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2006 pour la seule Loire-Atlantique -, la pression est forte sur les 130 producteurs du département. Et, dans la région nantaise, on fait grise mine. Le manque d'ensoleillement, les averses de grêle à répétition ces dernières semaines auraient, selon l'observatoire 2008 de Viniflhor, entraîné un «déficit de volume de 35 %» par rapport à l'année dernière. Une seule erreur, une mauvaise interprétation de la météo scrutée sans relâche, et voici trois années de dur labeur ruinées.
Trois ans ? Eh oui, les brins ne fleurissent qu'après deux années de culture sans récolte. Gourmand en main-d'oeuvre, le muguet l'est aussi en soins et en énergie. Planté sous forme de «griffes», il est entretenu à la main et reçoit, en grande quantité, engrais et eau de mars à octobre. Suivant la météo, la fréquence de cet arrosage oscille de deux à quatre fois par mois - en 2006 par exemple, la période, très sèche jusqu'en juillet, a réclamé un arrosage hebdomadaire. Puis, en octobre, la plante entre en «dormance», c'est-à-dire qu'elle hiverne, enfouie sous le sable de la Loire. A son réveil, elle est placée en serre froide et maintenue à