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«Je me serre la ceinture toute l'année, alors qu’on ne me dise pas d’être raisonnable !»

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La réforme de l’assurance-chômage est discutée cet après-midi à Bercy. Un chômeur pourrait être radié après deux refus d’une offre «raisonnable» d’emploi. Réactions des premiers concernés.
par Marie Vilain
publié le 6 mai 2008 à 7h00

Mardi, 11 heures. Alors que se prépare la conférence tripartite (syndicats, patronat, Etat) au ministère de l'Economie et de l'Emploi sur la réforme de l'assurance chômage, Eugène sort de l'ANPE Voltaire à Paris. A la question: «Etes-vous un chômeur raisonnable ?», il répond du tac au tac : «C'est se foutre de la gueule du monde cette histoire!» A 45 ans, il a de multiples casquettes: prof et technicien de sécurité incendie, entre autres. «Sarkozy, il ferait mieux de rendre tout ce qu'il a empoché en augmentant son salaire au lieu de nous dire d'être raisonnable, c'est une vraie mascarade.»Entre temps, Karima, 44 ans, est sortie à son tour. Elle a entendu la question et ne cache pas sa colère: «Raisonnables? Mais on est raisonnables! La preuve, je suis ici tous les jours. Et ce n'est pas vraiment une partie de plaisir.» Avec un bac+4, elle est auxiliaire maternelle. Et au chômage depuis cinq mois. «J'ai douze ans d'expérience. Ce qui n'empêche pas l'ANPE de me proposer des gardes d'enfants avec ménage et repassage. Je ne suis pas bonne, ce sont peut-être des propositions raisonnables pour eux, mais pas pour moi. Je n'accepterai pas ces propositions, même si c'est ça ou rien. Je suis prête à ne rien gagner plutôt que de faire n'importe quoi.»

Souad partage cet avis. A 33 ans, elle cherche un travail dans le commerce. «Le plus imp