Envoyé spécial à Thimphou.
Coincé entre l'Inde et la Chine, le minuscule royaume himalayen du Bhoutan est probablement l'un des pays qui a fait le plus d'efforts pour préserver son environnement au cours des dernières décennies. L'écologie est en effet l'un des quatre grands piliers de la philosophie économique qu'applique le pays depuis les années 70, le fameux «bonheur national brut», fondée sur le principe que le bien-être de la population doit passer avant la course à la croissance.
La chasse est ainsi interdite, les forêts recouvrent toujours 70 % du territoire national, dont un quart est réservé aux parcs nationaux, et la nature est jugée si importante que l'obligation de la préserver a carrément été inscrite dans la nouvelle Constitution. Malheureusement, le Bhoutan ne peut pas contrôler ce que font ses voisins, ni le reste de la planète. Malgré ses efforts, il risque donc d'être touché par le réchauffement climatique. Question de géographie. Au nord, dans l'Himalaya, le royaume abrite en effet des centaines de glaciers. Or, «non seulement les glaciers reculent bien plus vite que prévu, mais pendant la période chaude, des lacs glaciaires se forment en surface, parfois sur plusieurs kilomètres de large et des dizaines de mètres de profondeur, explique Hans Van Noord, un géographe néerlandais spécialiste du réchauffement climatique. Si la moraine lâche, ce sont des centaines de milliers de mètres cubes d'eau qui déferlent d'un coup, emportant tout sur leur passa