Envoyée spéciale à Ashkelon.
Indiquant du doigt les énormes tuyaux qui vont pomper l'eau de mer à un kilomètre au large pour la ramener vers le site, via de multiples filtrages, Micha Taub soupire : «C'est toujours pareil. Quand on suggère au gouvernement d'accroître nos capacités de dessalement, il se met à pleuvoir, et celui-ci nous envoie promener. Dès que la sécheresse arrive, il nous tanne pour qu'on augmente les volumes, mais on ne peut pas faire ça du jour au lendemain !» Responsable opérationnel de la plus grosse usine de dessalement d'eau de mer du monde, à Ashkelon, en bordure du Néguev, l'homme subit ces jours-ci une intense pression des autorités.
Les pluies de cet hiver n'ont atteint que 50 à 60 % des moyennes annuelles et les réserves d'eau ont atteint leur niveau le plus bas depuis dix ans. Celui du lac de Tibériade a baissé de 60 centimètres depuis l'an dernier et de plus de 3 mètres depuis quatre ans. Or il s'agit - outre d'un lieu mythique - de la principale réserve d'eau douce d'Israël. «Si rien ne se passe, on atteindra l'alerte rouge à l'automne. Les pompes censées être sous l'eau du lac se retrouveront au-dessus ! Plus moyen de puiser la moindre goutte ! confie à Libération Eli Ronen, le patron de Mekorot, la société publique de distribution d'eau. Des mesures d'urgence devraient être prises par le gouvernement dans les deux semaines.» Les autorités israéliennes se résoudraient ainsi à lancer une vaste campagne de sensibilisati