Envoyée spéciale en Israël.
AMaagan Michaël, localité de la côte méditerranéenne, le choix du modèle économique - socialiste, libéral, ultralibéral - n'est pas un thème de causerie. C'est un sujet tangible et obsédant, familier comme un animal domestique qui s'invite à tous les repas et accompagne chaque action triviale, de la maison au travail. Il pose, pour les 1 412 habitants du lieu, la question de la vie ou de la mort d'un monde, leur monde.
Fondé en 1949 par un groupe de jeunes Juifs nés en Palestine et en Allemagne, Maagan Michaël est le plus grand kibboutz d'Israël, l'un des plus riches aussi, serrant entre la mer et les contreforts du Mont Carmel ses maisons noyées dans une végétation exubérante, sa piscine, son cinéma, ses installations sportives, son intranet et sa médiathèque, ses plages et ses champs, bassins de pisciculture et usines. A 70 kilomètres au nord de Tel-Aviv et 150 de Gaza, le village est une chimère : une oasis de prospérité. et un îlot de collectivisme, l'un des derniers au monde.
Ici, les valeurs des penseurs russes du mouvement kibboutzique, héritées de la révolution manquée de 1905, restent la référence du collectif autogéré : «démocratie et égalité», rappelle Boris Gal, octogénaire bon pied bon oeil en pantalon de travail. Coté démocratie, tout se décide lors des assemblées générales bimensuelles : depuis l'allocation d'une maison à un divorcé à l'acceptation d'un nouveau membre. Le tout sous l'égide du secrétaire élu et aidé d'une cinquan