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Libération

«C'est bien. pour le moment»

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publié le 8 mai 2008 à 3h23

A la sortie de l'usine Airbus du Bouguenais, en périphérie nantaise, ce n'est pas l'euphorie. Les salariés se laissent juste prendre par la vague envie d'y croire. «Je voudrais dire : on est soulagés, confie un salarié à la maintenance. Je préférerais que les deux usines françaises restent dans le giron d'Airbus. C'est plus fiable pour notre avenir, mais j'ai 54 ans et c'est pour les jeunes que c'est surtout important.» En tirant sur la première cigarette après le boulot, un ancien ajoute : «C'est bien pour le moment, mais c'est sans doute pour revendre plus tard au premier client venu. Ça sent le "reculer pour mieux sauter", ce truc !»

Les ouvriers du site du Bougenais ne sont pas directement concernés par l'annulation de la vente des sites de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et de Méaulte (Somme) à l'équipementier français Latécoère. Mais ici on parle en voisin, solidaire de la situation de l'usine de Saint-Nazaire, éloignée de seulement 60 kilomètres, qui était proche d'être vendue. Avant et après la sirène de midi, le tourniqu²et métallique cerné de barbelés libère au compte-gouttes les «Airbusiens», salariés directs d'Airbus, mais aussi sous-traitants et intérimaires. «On tient à rester Airbus. C'est notre identité. Mais on voit bien qu'EADS a très envie de se débarrasser de nous. C'est le pognon qui les motive. Et ce qui les a refroidis, c'est le cours du dollar.» Les ouvriers français se déclarent satisfaits de voir revenir leurs collègues dans le