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Libération
Interview

«Le commerce équitable doit plus s’intéresser aux cultures vivrières»

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publié le 12 mai 2008 à 3h18

Hausse des denrées alimentaires, emprise croissante des multinationales sur leurs approvisionnements, émeutes de la faim… le commerce équitable est au pied du mur. Le chercheur Nicolas Bricas analyse ces nouveaux enjeux. Quels défis lancent au commerce équitable l’envolée des prix du maïs ou du riz et les émeutes de la faim ? La revendication d’équité que porte le commerce équitable doit aller au-delà des filières Sud-Nord. Jusqu’à présent, ce mouvement s’est concentré sur les productions tropicales : banane, café, cacao, thé. Et il s’est limité aux exportations des producteurs du Sud vers des consommateurs au Nord. Il va falloir qu’il s’intéresse davantage aux cultures vivrières. Et qu’il se développe entre les producteurs du Sud et les consommateurs du Sud. C’est-à-dire localement. Prenons l’Afrique : les cultures vivrières (manioc, igname, maïs…) représentent 1,5 à 2 fois la valeur des exportations de produits agricoles. C’est un secteur dynamique qui a vu arriver de nouveaux acteurs, de gros commerçants locaux qui se constituent en oligopoles. Ils rémunèrent mal les petits producteurs, même en ce moment où les prix flambent. En Amérique latine ou en Asie, ce sont les grands groupes de distribution (Wal-Mart, Carrefour, Auchan, etc.) ou les gros distributeurs locaux qui achètent et revendent sur place, en payant très mal le producteur local. Ces acteurs ne se soucient pas de faire du commerce équitable. Car ce n’est pas une préoccupation des consommateurs du Sud. Sauf p