Tout balancer afin de faire exploser le système : pour la première fois, un ancien forestier a décidé de révéler les nombreuses pratiques de corruption et de racket qui minent l'exploitation du bois au Cameroun, l'un des pays les plus corrompus au monde. Il y a quelques mois, cet expatrié a adressé au ministre camerounais des Forêts et de la Faune, Elvis Ngolle Ngolle, ainsi qu'à plusieurs ambassades, un rapport explosif sur le sujet.
«Repenti». Selon lui, les documents administratifs nécessaires pour exploiter une forêt s'obtiennent facilement contre des sommes souvent astronomiques auprès d'un agent du ministère des Forêts et de la Faune (Minfof) : le certificat d'inventaire des essences d'une concession forestière, par exemple, coûte entre 10 000 et 15 000 euros. Le tarif pour truquer le système d'attribution des concessions est plus élevé : il oscille entre 220 000 et 760 000 euros. Ce trafic est à la fois organisé au plus haut niveau de l'administration et sur le terrain, assure le forestier «repenti». Militaires et gendarmes seraient aussi impliqués : les uns transporteraient dans leurs camions du bois coupé illégalement, les autres laisseraient passer les chargements frauduleux contre 460 à 760 euros par véhicule. Sur le terrain, un responsable départemental du Minfof «peut gagner, de façon illicite, jusqu'à 24 000 euros par mois», note le rapport. Les malversations sont si nombreuses que «cela dépasse l'entendement. Même ceux qui voudraient être honnê