De notre correspondante à Bruxelles «Tirez avantage de la hausse des prix des denrées alimentaires.» C'est avec ce slogan que la banque belge KBC a lancé un nouveau placement financier, indexé sur le cours de six matières premières agricoles (cacao, café, sucre, blé, maïs et soja). Pour attirer ses clients, la banque invite sans détour à saisir «l'opportunité» que représente «l'énorme accroissement de la population»,«les changements climatiques»,«la pénurie d'eau et de terres agricoles». Rendement estimé, mais pas garanti : 14 %.
Alors que la flambée des prix agricoles entraîne des émeutes de la faim dans de nombreux pays du Sud, est-il décent de proposer un tel produit financier ? Peut-on spéculer sur la famine mondiale ? Est-il moral de miser sur la pénurie d'eau ? L'information, sortie récemment dans la presse belge, suscite la polémique dans le pays. Indignés, les parlementaires socialistes belges ont annoncé leur intention de déposer une proposition de loi visant à «interdire l'offre et la diffusion de produits financiers dont le seul objectif est de spéculer sur la hausse des prix des denrées alimentaires et d'en tirer profit». Mercredi, les députés socialistes européens leur ont emboîté le pas, en demandant à l'Union européenne d'interdire ce type de placement.
«Je m'excuse auprès des gens qui ont été choqués par le slogan», a déclaré à Libération la porte-parole de la KBC, Viviane Huybrecht, qui avoue que le dépli