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Libération
Interview

«Les capacités ont été multipliées par trois»

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publié le 20 mai 2008 à 3h32

A Rennes.Responsable du département économie de l'Ifremer (institut français de la mer) à Brest, Olivier Thébaud décrypte les enjeux posés par la crise du carburant.

Le prix du carburant est-il la seule explication de la crise actuelle ?

Ce n'est qu'une donnée qui aggrave un contexte déjà difficile. Deux contraintes pèsent de façon très forte sur cette profession : d'une part, la libéralisation des marchés mondiaux des produits de la pêche et, d'autre part, les particularités de ce métier. Les ressources de la pêche sont constituées de stocks naturels qui ne sont affectés à personne en particulier et dont la quantité dépend des capacités des biomasses à se reproduire. Il y a un phénomène de course aux poissons, de concurrence très forte, qui incite les armements à développer leurs capacités de pêche et à y engager des moyens très importants. Les capacités de capture de la flotte mondiale ont ainsi été multipliées par trois entre 1980 et 2000. 0n est arrivé à un niveau où le potentiel de prélèvement sur les stocks est supérieur à celui du renouvellement de l'écosystème. Or, parallèlement les volumes de poissons débarqués en Europe et leur valeur marchande n'ont pas cessé de diminuer depuis le début des années 2000. La concurrence sur les marchés mondiaux limite les possibilités d'augmentation des prix pour compenser les charges. On est dans une situation où la demande des consommateurs a beau augmenter en Europe et l'offre diminuer, les prix bougent très peu. En France, les deu