Envoyé spécial à Kehl (Allemagne). C'est l'histoire d'un ministre qui, en pleine promo de sa loi, dispose de trois heures pile pour comparer les prix, sur le terrain, d'un panier de denrées en France et en Allemagne. Luc Chatel, secrétaire d'Etat à la Consommation, est allé hier faire ses courses à Auchan, près de Strasbourg, puis à Kaufland, de l'autre côté du Rhin, à Kehl. Bien décidé à prouver que les prix français sont trop élevés.
«Les prix en France sont 5 % plus chers que la moyenne européenne», aime-t-il rappeler, omettant de signaler que c'est aussi le cas de l'Allemagne selon Eurostat. Car la loi de modernisation de l'économie, qui prévoit d'accroître la liberté d'implantation pour les grandes surfaces et de donner aux distributeurs la libre négociation des tarifs avec les industriels (comme en Allemagne) doit être examinée à l'Assemblée à partir de mardi. Cherchait-il à convaincre les consommateurs français, les fournisseurs ou les parlementaires de son propre camp, qui grincent des dents ? En tout cas, il a mis les moyens au service de sa démonstration, en s'entourant d'une dizaine de journalistes, de la directrice du Centre européen de la consommation, du préfet de la région Alsace, et de son homologue du Land de Bade-Wurtemberg.
«Dumping». Arrivé à Auchan, dans la commune d'Illkirch, Luc Chatel met 16 articles dans son chariot. Ceux-ci ont été sélectionnés par le Centre européen de la consommation qui, dans une étude récente, a montré que 65 % des produit