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Libération
Interview

«Il y a une formidable énergie chinoise pour l'Afrique»

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publié le 2 juin 2008 à 3h42

Après l'Occident, la Chine va-t-elle achever de piller les ressources de l'Afrique ? Deux journalistes, Serge Michel et Michel Beuret, viennent de publier chez Grasset un livre très documenté sur le sujet : La Chinafrique, Pékin à la conquête du continent noir (avec des photos de Paolo Woods). Leur conclusion n'est pas aussi pessimiste qu'on pourrait l'imaginer.

La «Chinafrique» évoque la «Françafrique». Cela signifie-t-il que la Chine a remplacé la France dans la vie politique et économique de l'Afrique ?

La vie économique, c'est sûr. On voit des Chinois prendre des parts de marché aux Français un peu partout. Il y a même des entreprises françaises qui renoncent à répondre à des appels d'offres car elles savent qu'elles ne gagneront pas contre les Chinois. Surtout, contrairement à la France, les Chinois n'ont pas de pré carré colonial, ils sont présents dans les 53 pays d'Afrique, même ceux encore en relation avec Taïwan. Sur le plan politique, c'est moins sûr. Les dictateurs soutenus par la France, qui sont les piliers de la Françafrique, sont toujours là, tel Omar Bongo.

Des entreprises françaises renoncent vraiment à répondre à des appels d'offres ?

J'ai un exemple de projet d'assainissement au Sénégal : les Chinois sont arrivés à moins d'un tiers du coût proposé par les Français ! A des prix pareils, ceux-ci s'arrachent les cheveux et, la fois d'après, ne prennent même pas la peine de répondre. On le voit pour tous les grands projets de ports le long de l'Afrique de