«Je suis au bord du gouffre. J'ai déjà licencié 3 personnes et j'ai vendu plusieurs camions. Je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir tenir avant de mettre la clé sous la porte. »
Bruno Marly a 49 ans. Patron d'une PME de transports de 17 salariés, il participe à l'opération escargot organisée ce matin par l'OTRE, syndicat de transporteurs routiers français, devant la tour de Total à La Défense. Bruno est venu «en désespoir de cause», sans trop savoir si ces actions coups de poing peuvent aboutir. Constamment au bord des larmes, il suit le mouvement, le portable greffé à la main pour rester joignable «car l'entreprise doit continuer de tourner». Mais il est prêt à aller jusqu'au bout. «Ca fait 20 ans que je fais ce métier, et je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre. J'ai trois enfants à nourrir. Faut pas qu'on lâche.»
Antonio est là lui aussi. Chauffeur de poids lourd, il ne dirige pas d'entreprise mais a peur pour son emploi. «Si ça continue comme ça, mon patron va me licencier. Je vais me retrouver au chômage. Moi encore, c'est pas trop grave, mais mes enfants sont aussi chauffeurs et j'ai peur pour eux. Ils n'ont pas le droit d'augmenter les prix comme ça. On est gouverné par des malades. »
L'ombre du routier polonais
Côté revendications, l'OTRE est très clair. «Il faut que le prix du gazole soit ramené à son tarif hors taxe de janvier 2008, soit 98 centimes, assure Jean-Marc Rivera,