Créée en 2003, l'Autorité des marchés financiers (AMF) est un gendarme de la Bourse qui, décidément, multiplie les dysfonctionnements. Il y a deux ans, une polémique avait éclaté sur sa façon de traiter l'affaire Rhodia. L'hebdomadaire le Canard enchaîné l'avait accusée d'avoir cherché à exonérer Thierry Breton, ancien administrateur de Rhodia, qui venait alors d'être nommé au ministère de l'Economie. Une accusation jugée diffamatoire, qui avait entraîné le dépôt d'une plainte. Mais l'AMF s'est embrouillée dans sa rédaction, et sa citation risque de se voir déboutée pour vice de forme. Un comble pour une autorité administrative chargée de faire respecter la loi.
La plainte, qui était examinée jeudi par la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, se fondait sur l'affirmation, par le Canard enchaîné, de l'existence de deux versions du rapport d'enquête de l'AMF sur Rhodia. Selon l'hebdomadaire, «le rapport qui pouvait nuire à la réputation de Breton a été miraculeusement corrigé, cinq jours après la nomination de celui-ci à Bercy. Plusieurs opérations foireuses, risquant d'entraîner la faillite de Rhodia, ont été subitement déclarées prescrites». L'auteur de l'article, Hervé Martin, était prêt à s'expliquer sur le fond, et avait fait citer de nombreux témoins. Mais son avocat, Me Yves Baudelot, avait trouvé un argument de forme dans la jurisprudence de la Cour de cassation. Selon son interprétation, seul le collège de l'Autorité des marchés fina