L'économiste Patrick Artus vient de publier, avec la journaliste Marie-Paule Virard, Globalisation, le pire est à venir (La Découverte), diagnostic aussi sombre que lucide sur les désordres de la globalisation.
A vous lire, la globalisation aurait accouché d'un cauchemar dont il sera difficile de sortir. Etait-elle finalement une erreur ?
En soi, la globalisation est positive car les échanges favorisent la croissance. Elle a fait entrer dans le circuit économique un milliard d'individus qui en étaient exclus en leur donnant du travail et en apportant de nouveaux débouchés. En créant plus de concurrence, elle a fait baisser les prix et maintenu les taux d'intérêt bas. Cette machine à inonder le monde de liquidités a permis de s'endetter à peu de frais et a globalement réussi, jusqu'au début des années 2000, à apporter plus de bien-être dans les pays riches comme chez les plus pauvres. Jusqu'au tournant actuel.
Votre bilan est sombre.
La globalisation a initié et alimenté des tendances insoutenables sur le long terme. En organisant un gigantesque transfert d'activités des pays avancés vers les pays émergents, elle a fait exploser les inégalités, généré des désordres financiers monstres et fait flamber les matières premières. Sans correction, le système risque de péter. Les conséquences seront alors dramatiques pour les perdants, chaque jour plus nombreux, de cette machine inégalitaire qui prend du revenu aux uns pour le redistribuer aux autres.
Comment est-on passé d'un ench