Depuis quinze jours, la revente d'Editis par la société d'investissement Wendel n'en finit pas de mobiliser des salariés «écoeurés» par la plus-value de plusieurs millions d'euros réalisés par quelques dirigeants. Samedi, c'est un fonds du Qatar qui annonce entrer en «négociation exclusive» pour racheter le groupe français Cegelec, mis en vente par un autre fonds (LBO France), seulement un an et demi après l'avoir acheté. Pas une semaine sans que ces fonds d'investissement et particulièrement ceux spécialisés dans les LBO (leverage buy-out ou rachat de l'entreprise par endettement), ne fassent l'actualité, voire créent la polémique. Entretien avec Pierre-Alain Weill, patron d'une PME et délégué national au Parti socialiste.
Les fonds d'investissement et les LBO sont-ils une menace pour les entreprises françaises ?
Il ne faut pas mélanger les deux. A l'origine, le LBO était un système plutôt intéressant. Il consiste à permettre à des personnes qui souhaitent acheter une entreprise de le faire sans avoir les fonds nécessaires. Des salariés peuvent ainsi devenir propriétaires de leur entreprise en s'endettant. Mais quand les fonds d'investissement utilisent ce mécanisme, il peut y avoir dévoiement. C'est ça qui est choquant. L'idée de départ du LBO, c'est de créer une holding qui va emprunter de l'argent, soit au système bancaire, soit à un fonds d'investissement. L'emprunt sera remboursé par les résultats de l'entreprise. Dans nombre d'opérations, cela se pa