De notre correspondant à Madrid. Cette histoire insolite a fait le tour de la presse espagnole. Pris à la gorge par les remboursements de son prêt immobilier, un chômeur ne réussissant pas à vendre sa maison a eu l'idée, pour y parvenir, de monter une loterie. Au chômage depuis peu, Manuel Marina a mis en vente sa propriété en la divisant en 64 000 bons de cinq euros chacun. Il en aurait déjà vendu 1 800, notamment via Internet. La récompense (l'acquisition de sa maison), a-t-il précisé, ne sera tirée au sort que lorsque la totalité des coupons aura trouvé acquéreur. Les autorités notariales de la région de Madrid ont fait savoir que ces bons émis n'ont aucune valeur légale et «ne constituent en rien une garantie». Manuel Marina perçoit 900 euros d'indemnités chômage et doit rembourser chaque mois 1 500 euros de prêts. Intenable. Il lui faut donc vendre coûte que coûte.
«Récession». Le cas «Marina» illustre un drame qui touche des dizaines de milliers de familles. Dans un pays où 98 % des prêts sont fixés à taux variable, la cherté de la vie et la hausse des taux d'intérêt (une montée qui oblige Marina à débourser 636 euros de plus sur un an) étouffent une bonne partie des ménages. On parlait jusqu'alors de crise. Les autorités lâchent désormais le terme de «récession» pour décrire la situation de l'une des économies les plus florissantes de l'Union européenne depuis le milieu des années 90 - l'Espagne a longtemps flirté, voire dépassé, la barre des 4 % de croi