Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a sonné l'alerte rouge hier sur l'inflation dans la zone euro. Celle-ci a atteint un niveau historique en mai, de 3,7 %, et le gendarme de la monnaie européenne a une nouvelle fois laissé entendre qu'il allait sévir et relever les taux. Réaction de Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Est-on entré, comme le prétend la BCE, dans une spirale inflationniste ?
La hausse des prix à laquelle nous assistons est un phénomène appelé à durer. Elle est due à une vigoureuse croissance mondiale qui se heurte - c'est le cas du pétrole des matières premières, des produits alimentaires - à des ressources limitées. Mais cela ne crée pas une spirale. Pour que cela dégénère, il faut que les augmentations de prix soient suivies par des hausses des salaires. Le processus ne se déclenche qu'avec cette équation prix-salaires. Or on n'y est pas. Jusqu'à présent, les salariés sont restés relativement sages. Et la menace la plus probable, c'est plutôt l'inverse : que des salaires réels en baisse - parce que dévalués par la hausse des prix - provoquent un recul de la consommation et un effet récessif sur l'économie. La situation que nous vivons aujourd'hui, c'est celle de salariés qui ne sont pas en position de force pour décrocher des augmentations.
Jean-Claude Trichet aurait donc tout faux en menaçant de relever les taux ?
Il brandit la menace pour que tout le monde reste à sa