Il n'y a plus de steak au pays de la viande. Ni d'huile au supermarché. Dans le centre de Buenos Aires, il faut faire la queue devant les boutiques de change pour acheter des dollars, seule valeur refuge à l'approche d'une de ces tempêtes qui balaie régulièrement l'économie argentine. L'inflation frôle les 30 % et la fronde du campo (la campagne) qui réunit pour la première fois toutes les associations rurales - des petits fermiers des contreforts des Andes aux barons du soja de la Pampa - paralyse le pays.
Furie. Depuis cent jours, les agriculteurs coupent les routes et bloquent les exportations de grains et de céréales. Ils refusent d'être la vache à lait du gouvernement péroniste de Cristina Kirchner qui a augmenté de 25 % les taxes à l'exportation du soja et de ses dérivés, dont l'Argentine est le troisième exportateur mondial. A quelques semaines de la récolte, en mars, cette décision, qui a déjà coûté la tête d'un ministre de l'Economie, a déclenché la furie du campo :«Les autorités oublient que les prix des engrais, des carburants, du loyer des terres et du transport a augmenté et réduit notre rentabilité. L'intransigeance du gouvernement risque de convertir une opportunité historique en une crise économique et politique de plus», avertit Eduardo Althabe, qui cultive 1 000 hectares dont 400 de soja au sud de Buenos Aires.
Avec des prix tirés vers le haut par la demande chinoise et une hausse de 30 % des cours en 2007, les revenus du soja - qui repré