Présomption d'innocence ou pas, quand une société voit presque tout son staff de direction mis en examen, continuer à conduire des affaires peut devenir impossible. EADS et Airbus risquent ainsi de voir se reproduire ce qui s'est passé au sein d'Altran. Engluée dans un scandale de fausses factures, cette société de conseil en technologies avait dû totalement renouveler ses dirigeants à l'automne 2004 du fait de décisions judiciaires. Petit rappel.
L'affaire Altran, c'est une sorte de mini-Enron à la française. Pour éviter d'avoir à cacher un ralentissement de son activité, l'entreprise avait gonflé son chiffre d'affaires en fabricant des dizaines de millions d'euros de fausses factures. L'enquête, confiée à Philippe Courroye, avait permis de remonter toute la chaîne des responsabilités. Jusqu'aux dirigeants de l'époque : le PDG, Alexis Kniazeff, le vice-président Hubert Martigny, les directeurs généraux Michel Friedlander et Jean-Michel Martin. Au début de l'été 2004, tout ce beau monde avait été placé en examen pour «présentation de comptes infidèles». Et Courroye avait demandé de leur imposer un contrôle judiciaire classique : interdiction de se rencontrer et de communiquer. Les dirigeants ont eu beau demander, en vain, un allégement du contrôle, ils ont dû se résoudre, à démissionner. Seul Kniazeff, par ailleurs l'un des principaux actionnaires d'Altran, s'était alors accroché quelques mois de plus. Ce qui avait déplu à Philippe Courroye. En juin 2005, le juge avait