Le premier prévoit une vraie panne de l'activité en France dans les prochains mois quand le second mise sur un simple ralentissement. L'un considère que la reprise de l'inflation va peser lourdement sur la croissance alors que l'autre fait confiance à ses réformes et aux créations d'emplois pour faire mentir le scénario «trop pessimiste» du premier. Entre l'Insee et le gouvernement, il y a décidément bien plus que des divergences d'appréciation sur le futur proche de l'économie française : un monde.
Dans sa note de conjoncture semestrielle présentée jeudi, l'Institut national de la statistique et des études économiques dresse le tableau d'une économie française sur le point d'entrer en hibernation. L'Insee prévoit que la croissance ne dépassera pas 1,6 % en 2008, du fait d'un retournement immobilier et d'un retour en force de l'inflation qui annulera les gains de pouvoir d'achat des ménages, de la consommation et, in fine, de la croissance. L'institut n'exclut même pas «une incursion en territoire faiblement négatif» (c'est-à-dire quelques mois de récession), comme le dit dans sa note Eric Dubois, chef du département de la conjoncture.
Consensus. Ce tableau noir qui, selon l'Insee, n'augure rien de bon pour 2009, l'entourage de Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, n'y croit pas. Il s'agit, dit-on, d'une «prévision exagérément pessimiste, assez systématique, de l'Insee» (d'abord annoncée à 1,9 % par l'institut, la croissance pour 2007 avait été