Jamais un tribunal français n'avait admis un tel nombre de discriminations, raciale et sexiste, dans une entreprise. Le conseil de prud'hommes de Lyon a condamné vendredi Bosch France pour avoir ralenti la carrière de sept de ses salariés en raison «de leurs origines ethniques» pour six d'entre eux, et de son sexe pour la septième. Les dommages et intérêts s'élèvent à 10 000 euros pour deux salariés, et à 5 500 euros pour les autres. Les juges condamnent en outre l'entreprise à repositionner trois des plaignants à l'échelon supérieur.
La procédure avait mené 22 hommes et 3 femmes, le 11 avril, devant le juge départiteur. Les conseillers salariés et employeurs n'ayant pu se départager, une juge professionnelle devait arbitrer. A l'audience, Pierre Masanovic, avocat de la CGT, avait détaillé les différences de traitement, qui remontaient pour certaines à 1966. Il avait comparé statistiquement les cas de chaque plaignant avec ceux de Français métropolitains entrés la même année, au même niveau. Les ressortissants africains et des départements d'outre-mer semblaient pénalisés, enlisés. Comme les femmes. Dans son jugement, le conseil reprend certaines des démonstrations de l'avocat. Il pointe surtout le «contexte général» de l'entreprise : «Il ressortque Bosch a reconnu un retard d'évolution de carrière pour certains salariés, principalement sur le fondement de la discrimination syndicale et raciale.» Lors de comités d'entreprise, les responsabl