C'était la joint-venture exemplaire des années Poutine : en 2003, lors de la création de TNK-BP, troisième groupe pétrolier russe, fondée à 50-50 par un consortium d'oligarques (Viktor Vekselberg, Mikhaïl Fridman et Len Blavatnik) et par British Petroleum (BP), les heureux mariés parlaient de «signal pour les investissements étrangers en Russie» ou même de «percée fondamentale». BP réalisait là le plus gros investissement étranger en Russie, près de 7 milliards de dollars : une «preuve de la confiance des investisseurs étrangers envers les compagnies russes», s'enthousiasmait alors Moscou. Six ans plus tard, les partenaires de la plus grosse joint-venture de l'histoire russe sont en train de s'entre-déchirer, sous l'oeil goguenard du Kremlin.
Torpillé. Les actionnaires russes se comportent comme les «raiders d'entreprises» des années 1990, vient de lancer le président de British Petroleum, Peter Sutherland. Voilà de la «propagande digne de Goebbels», a rétorqué le milliardaire Mikhaïl Fridman. «On se croirait dans un asile de fou», résume Viktor Vekselberg, un des trois principaux actionnaires russes, dans une interview fleuve au quotidien Kommersant le 16 juin. Les actionnaires russes voudraient développer TNK-BP à l'étranger, mais BP a ses propres intérêts dans le monde et préfère cantonner la société en Russie, se lamente l'oligarque. «Beaucoup d'opportunités ont été gâchées», renchérit Mikhaïl Fridman, dans un autre