Le rôle de la spéculation financière dans la hausse des cours du pétrole a été l'un des sujets de discorde, hier, de la conférence de Djedda (Arabie Saoudite), qui réunissait pays consommateurs et producteurs de pétrole, et qui s'est achevée sur l'exigence d'une «meilleure transparence et plus grande régulation des marchés financiers». Un peu plus tôt, le roi Abdallah d'Arabie Saoudite avait lancé une violente diatribe contre ces «spéculateurs qui perturbent le marché pour servir leurs intérêts égoïstes», y voyant l'une des causes de la hausse des prix. «Le capital suit la montée du marché du pétrole, ce n'est pas lui qui la conduit», avait rétorqué le secrétaire américain à l'Energie, Samuel Bodman. Où se situe la vérité ? Réponse de Francis Perrin, l'un des meilleurs connaisseurs du dossier.
Quelle est la vraie part de la spéculation dans la flambée du pétrole ?
Pour moi, la spéculation n'est pas l'élément moteur dans la hausse du pétrole. Elle existe et constitue un aspect significatif de la flambée, mais elle n'a pas lancé le mouvement. Les spéculateurs sont plus des suiveurs que des faiseurs de prix. Ils ont vu que le prix du pétrole augmentait, ils ont étudié ce marché qu'ils connaissaient mal, car ce sont des financiers et non des industriels, et sont arrivés à la conclusion qu'il avait encore un potentiel de hausse important du fait d'un risque de déséquilibre entre une demande qui continue à croître - même avec un baril à près de 140 dollars - et