Correspondance à Lille. Retour à la case départ, comme si les 203 salariés de Samsonite, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), n'avaient jamais été licenciés. C'est ce qu'a décidé hier le tribunal de grande instance de Béthune : il a annulé la vente de l'usine à un repreneur qui l'a fait couler dix-huit mois plus tard. Le bagagiste américain avait cédé son unité de production déficitaire à Energy Plast, une société censée produire des panneaux solaires. Avec des conditions très avantageuses : Samsonite avait financé la reprise avec un prêt et une subvention de 4 millions d'euros chacun. Malgré ce généreux coup de pouce, les panneaux solaires n'avaient jamais vu le jour. Par contre, l'usine avait continué à produire des valises «no-name» (sans marque) en sous-traitance pour Samsonite. L'entreprise a déposé le bilan en février 2007, et les 203 salariés se sont retrouvés sur le carreau, avec des indemnités de licenciements minimales payées par les assurances.
Fraude. Une bonne affaire pour Samsonite, qui a ainsi évité un plan social coûteux : c'est ce qu'ont pensé immédiatement les ouvriers, qui se sont constitués en association, et ont porté plainte pour vente frauduleuse. Le tribunal vient de leur donner raison, en considérant que la fraude était clairement constituée du côté des repreneurs. Pour Samsonite, il reste plus prudent, mais stipule dans son jugement qu'«il n'est pas contesté que [la société] a économisé le coût de la fermeture du site industriel, [.] coût qui a été