De notre correspondant à Marseille. Les dames de l'atelier du Maître tailleur, entreprise privée installée sur l'arsenal de Toulon (Var), sont inquiètes : leurs emplois sont menacés par l'externalisation des activités d'habillement annoncée dans le Livre blanc de la Défense. Le destin de ces employées civiles qui fabriquent des vêtements pour la Marine est lié à celui de leur patron : quand il partira à la retraite, l'atelier fermera, puisque l'armée a engagé «la mise en extinction» du corps de maître tailleur.
Pour Toulon, qui emploie 71 personnes, dont 63 femmes, la fermeture interviendra au plus tard en 2017. Pour l'autre atelier, basé à Brest (90 employés), ce sera 2012. «L'Atelier a été créé pour donner du travail aux veuves de guerre, rappelle une employée. Et maintenant, nous sommes beaucoup de divorcées avec des enfants. On gagne le Smic, parfois 1 500 euros avec les primes, pour un travail à la chaîne.» La moyenne d'âge est élevée : 47 ans. D'où la crainte de ne pas retrouver de travail. «L'activité coûte deux à trois fois plus cher en interne que si elle était externalisée, justifie un officier du Sirpa Marine (Service d'informations et de relations publiques des armées). On est la seule armée du monde à faire ça. C'est un luxe qu'on ne peut pas conserver, vu le nombre de secteurs où l'on va sacrifier nos personnels.»
La Marine table sur une «extinction de l'embauche», un «arrêt progressif sans brutalité, sans faire porte