Envoyée spéciale à Genève. A voir les rives tranquilles et ensoleillées du lac Léman, comment se douter qu'au sein de l'austère bâtiment de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se joue une houleuse partie de poker ? Depuis le début de la semaine, une quarantaine de délégations ministérielles tentent de sauver le cycle de Doha, visant à libéraliser les échanges mondiaux. Une mission quasi-impossible au vu des positions irréconciliables des négociateurs.
«Offres». Hier soir, ça sentait plutôt le soufre. Depuis la France, le président Sarkozy a prévenu : «A l'OMC, cet accord qui est sur la table, s'il n'est pas modifié, nous ne le signerons pas.» De fait, chaque partie campe sur ses positions, attendant vainement une inflexion de la part des autres. «Comment dit-on "impasse" en 153 langues ?» ironise un délégué indonésien.
La secrétaire d'Etat au commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, privée de son ministre de tutelle Michel Barnier, obligé de rejoindre en urgence l'ouest de la France pour cause de surmortalité de nos huîtres, a fermement rappelé la position européenne : «Il n'est pas question de faire de nouvelles concessions en matière agricole. Nous attendons des offres significatives de la part d'autres partenaires, notamment sur les biens industriels.» Parmi les sujets chauds, l'ouverture des marchés des pays en développement aux produits industriels des pays du nord.
Réunis dans le groupe «Nama 11», certains pays, comme l'Argentine et l'Afrique du Su