Pas de tract volant, pas de piquet de grève, pas même la trace d'un débrayage. On se croirait presque un dimanche tant les abords de l'usine Renault de Sandouville sont calmes. Le PDG du groupe, Carlos Ghosn, a pourtant annoncé jeudi dernier la suppression prochaine d'une équipe du site (l'équivalent de 1 000 emplois selon la CGT), sur les trois existantes.
Sandouville, qui a forgé son identité sur la fabrication des véhicules haut de gamme, fait les frais de la récession du marché automobile européen et des mauvaises ventes de la nouvelle berline Laguna. L'immense site industriel, perdu dans la plus immense encore zone portuaire du Havre, produit aussi la Vel Satis et l'Espace. Des gros modèles, chers et pollueurs, qui n'ont pas la cote. Les presque 4 000 employés voient depuis quatre ans leur production ralentir et subissent des périodes de chômage technique à répétition : «35 jours en 2004, 45 jours en 2005, 72 jours en 2006, une semaine en septembre prochain et trois jours en octobre», énumère Jean-Luc Lefrançois, délégué CFDT.
Débrayages. La mauvaise nouvelle est tombée en même temps qu'un plan visant 5 000 suppressions de postes dans l'ensemble du groupe d'ici juin 2009 (selon la CFE-CGC) et l'annonce d'une marge opérationnelle en hausse. Elle n'a pas pris de court Sandouville qui sentait depuis un moment le vent tourner. «On est à moins de 50 % de nos capacités de production, on savait que ça ne pourrait pas continuer», reconnaît Jean-Luc Lefrançois. D'où,