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Libération

Des Blancs sans-terre gagnent les friches du Nigeria

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publié le 12 août 2008 à 4h35

Installé à une table en plastique devant sa maison provisoire, Colin Spain ne se départit pas de son enthousiasme. «Le Nigeria, c'est un pays béni des dieux !», s'exclame le fermier zimbabwéen de 61 ans. Face à la baraque en tôle et plastique qu'il occupe depuis un an s'étendent un petit potager et, plus loin, d'immenses champs verdoyants de manioc.

Colin Spain, comme quatorze autres fermiers blancs du Zimbabwe, s'est installé en 2007 dans cette zone rurale du centre du Nigeria, à deux heures de route de la capitale, pour créer des fermes commerciales. Un programme similaire, enrôlant une trentaine de Zimbabwéens, a été lancé dans l'Etat de Kwara (ouest) en 2004. Au Zimbabwe, le régime en place les avait chassés, suite à la politique de réforme agraire du président Robert Mugabe. Le Nigeria, lui, n'a pas laissé passer l'occasion de profiter de l'expertise de ces white farmers, spécialistes de l'agriculture extensive.

Friches. Car le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, achète chaque année deux milliards d'euros de nourriture pour ses 140 millions d'habitants. Son agriculture florissante dans les années soixante-dix, notamment grâce à l'huile de palme et au cacao, est moribonde depuis que le pétrole concentre tous les investissements. Un exemple : 2,5 millions de tonnes de riz sont importées tous les ans car le Nigeria n'est capable d'en produire que 500 000 tonnes. Selon le ministère de l'Agriculture, seuls 34 millions d'hectares de terres arables sont utilisé