Le 9 juillet, l'association Sherpa, spécialisée dans la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, a entamé une action judiciaire en France. Joseph Breham, juriste à Sherpa, s'est rendu à Abidjan à l'automne.
Pourquoi déposer une plainte en France ?
Deux dirigeants de l'affréteur Trafigura ont la nationalité française, et trois des victimes ont la double nationalité franco-ivoirienne. C'est une plainte pour corruption, homicide involontaire et détérioration de biens ayant entraîné une atteinte physique, un crime en droit français. Si la plainte est déclarée recevable et qu'un juge d'instruction français est désigné, ce qu'on espère pour la rentrée, la centaine de plaignants que Sherpa représente a vocation à y être associés.
Qu'attendez-vous de cette action judiciaire ?
D'abord que ces victimes soient reconnues comme telles, et qu'elles soient indemnisées. Les familles que nous représentons ont soit perdu un proche, soit consulté pour des troubles liés aux déchets toxiques. Aucune n'a rien reçu pour l'instant. A plus long terme, on espère que les responsables s'apercevront que ça coûte plus cher de ne pas respecter la loi que de la respecter, sur le plan financier comme en terme d'image.
Vous insistez sur le problème de la corruption.
C'est une catastrophe emblématique : on y retrouve de façon flagrante le triptyque corruption, atteinte à la santé publique, atteinte à l'environnement. Beaucoup de gens savaient que ces déchets étaient dangereux, et tout le monde a