Evoquées pour remettre sur pied Fannie Mae et Freddie Mac, les nationalisations d'entreprises privées vont-elles revenir à la mode ? En France, le mot est devenu tabou depuis le tournant libéral de la gauche au pouvoir, en 1983, et le lancement par la droite, à partir de 1986, d'un programme de privatisation toujours en cours aujourd'hui. Mais depuis quelques mois, devant l'ampleur de la crise financière, le terme refait surface dans les pays anglo-saxons. Devenant une alternative crédible face à l'inefficacité des plans de sauvetage purement privés.
Vague de panique. Symboliquement, c'est la Grande-Bretagne, pays du thatchérisme, qui a ouvert cette vague de retour à l'Etat avec Northern Rock. En septembre dernier, cette banque spécialisée dans le crédit immobilier avait fait face à une vague de panique de ses clients. Pour lui éviter la faillite, la Banque d'Angleterre lui avait avancé 25 milliards de livres.
Le gouvernement avait ensuite essayé, en vain, de revendre l'établissement à des groupes privés. Avant qu'Alistair Darling, le ministre travailliste des Finances, ne se résolve en février dernier à faire rentrer Northern Rock dans une «période temporaire d'appropriation publique». Au grand dam des actionnaires privés de la banque, qui attendent toujours qu'un expert indépendant soit nommé pour déterminer le montant de leur indemnisation.
Aux Etats-Unis, la remise en cause de la dérégulation a été une véritable conversion pour un gouvernement républicain proche des