«Du boulot pour cinq ans, ça calme les esprits. Mais après, quand ils auront appris comment construire des paquebots, les Coréens pourront fermer ici», résume Hervé, mécano, sur le zinc du Rugby Bar, face à l'entrée des chantiers de Saint-Nazaire. Depuis jeudi, le sud-coréen STX contrôle 92,46 % du capital du norvégien Aker Yards, propriétaire des ex-chantiers de l'Atlantique établis à Saint-Nazaire. Et sur le site de ce chantier naval, l'inquiétude est immense. Certes, deux commandes de paquebot - en provenance de l'armateur italo-suisse MSC - se sont ajoutées la semaine dernière au plan de charge, portant celui-ci à une série de six paquebots identiques, sécurisant le court terme puisque le dernier est à livrer en février 2012. Mais le long terme ?
«Avec les Norvégiens on était déjà inquiet, mais avec les Coréens, aucune illusion ! Pas besoin d'espionnage industriel, ils sont chez eux», lâche ce tuyauteur cégétiste, entre casse-dalle et ballon de rosé. Seize ans d'entreprise pour 10,60 euros de l'heure, ça ne porte pas à l'optimisme béat. Et l'éventuelle minorité de blocage de l'Etat français ne soulève pas l'enthousiasme. «Quelles garanties exactes a la France, note Jean-Michel Savary pour la CGT. Sarkozy est aussi allé au devant les gars d'Arcelor-Mittal avec des belles phrases. On a vu le résultat.» Pour Jérôme Dholland, élu CFDT au comité de groupe européen d'Aker, cet accord «doit plus tenir de l'engagement moral. Rien d'absolu, o