Alors c'est vrai, l'Argentine va importer de la viande ? Au pays du boeuf, la question posée à deux frères éleveurs devant la maison modeste de leur établissement agricole est sensible. Et pourtant la réponse est franche. «Avec la diminution du stock, la sécheresse et les politiques improvisées du gouvernement de Cristina Kirchner, les experts prévoient qu'en 2011, l'Argentine va devoir importer de la viande», avertit Gerardo Langer. Avec son frère Enrique, ils ont hérité de 700 hectares, à Pipinas, à 150 kilomètres au sud est de Buenos Aires, aux franges de la pampa. Sur 400 hectares, ils élèvent environ 350 têtes de bétail. Le reste de la propriété n'est pas cultivable. Le sol est argileux et dès qu'il pleut la zone est inondable. «Nous sommes le premier échelon de la chaîne de la viande. Une fois que les veaux sont sevrés, ils sont envoyés sur de meilleurs pâturages où ils engraissent», explique Gerardo.
Bouses. Aujourd'hui, c'est la sécheresse qui préoccupe les deux frères. Le manque d'eau laisse des traces. L'herbe est râpée et les pâturages sont défigurés par les bouses de vaches. C'est un signe qui ne trompe pas. Normalement, elles sont cachées par les touffes d'herbe. Après les années de fièvre aphteuse qui ont ruiné les exportations à la fin des années 90, la crise économique de 2001 et la fermeture des exportations en 2006, le secteur de l'élevage est aujourd'hui pris dans la tourmente du conflit entre le campo (la campagne), le moteur de l'écon