Cela ressemblerait presque à une matinée normale. Les salariés de Lehman Brothers à Paris arrivent les uns après les autres sur leur lieu de travail. Ils sortent du métro, pressent le pas quand on tente de les aborder, et s'engouffrent dans le bâtiment.
Quelques-uns acceptent de s'arrêter. «On est évidemment surpris. Jusqu'à la fin de la semaine dernière, on pensait qu'une autre banque d'affaires allait reprendre Lehman, Barclays par exemple», confie un cadre de la banque. C'est dimanche soir qu'ils ont compris que leur banque allait être placée en faillite. «On s'est tous retrouvés pour prendre un verre, histoire de détendre l'atmosphère», explique ce salarié.
Hier, les 150 salariés de la filiale française ont donc appris qu'ils seront licenciés. Dans la soirée ils sortaient au compte-gouttes du bâtiment, situé dans le 16ème arrondissement. Mais devant les caméras et les micros qui se dressaient devant eux, ils n'avaient qu'un mot à la bouche: «pas de commentaire». Ils en ont gros sur le coeur. En privé, l'un d'eux confiait tout de même sa colère. A l'encontre du board et des managers de l'entreprise d'abord, qui ont semble-t-il caché aux salariés les participations de Lehman Brothers sur le marché des subprimes. La banque était en réalité bien plus engagée qu'annoncé sur le marché des crédits immobiliers à risque.
Une action qui a chuté de 95%
Au coeur des critiques également, Henry Paulson, le patron du T