De notre correspondante à New York Malgré les rumeurs de démantèlement de leur banque, les employés de Lehman Brothers affichaient encore, vendredi matin, l'air résolu de ceux qui savent leur agenda rempli pour la journée. Aucun n'avait alors daigné s'arrêter pour répondre aux questions des journalistes pressés devant l'entrée du siège de la banque new-yorkaise, sur la 7e Avenue, au milieu des néons lumineux de Time Square. La direction avait demandé le silence. Il ne fallait pas céder aux sirènes alarmistes de la presse financière.
Huit heures plus tard, l'atmosphère est tout autre chez Bobby Van's Steakhouse, à l'angle de la rue. Le bar est assailli de courtiers et d'opérateurs en Bourse qui viennent terminer la journée autour d'une bière. Ceux de Lehman Brothers n'ont visiblement pas respecté la consigne de discrétion de leur direction générale. La nouvelle est tombée dans l'après-midi comme un couperet : la Réserve fédérale (Fed) donnait jusqu'à dimanche soir à la direction de Lehman Brothers pour trouver un repreneur. «Ils ont une peur panique de ne pas avoir une solution avant l'ouverture des marchés asiatiques lundi matin», souffle un employé coréen, gestionnaire de portefeuilles.
«Soldats». A cette heure-ci, au Bobby's, tous savent que les patrons de la Fed et du département au Trésor ont convoqué les principaux acteurs de la finance new-yorkaise pour tenter de sauver leur banque. Un trader porte une casquette beige affichant le logo de Lehman Brothers sur la vi