Marquant un certain courage et une longueur d'avance, les Pays-Bas sont le premier pays au monde à voler dans les plumes des grands patrons. Et limiter des rémunérations considérées comme excessives. Une fiscalité sur mesure leur a été taillée par une loi votée le 9 septembre à une large majorité du Parlement. A partir du 1er janvier prochain, donc, les PDG et directeurs des 90 sociétés cotées à la Bourse d'Amsterdam devront payer 30 % d'impôt de plus sur leurs primes, s'ils gagnent plus de 500 000 euros annuels net et si ces primes dépassent leur salaire annuel. Les sociétés s'exposent, de leur côté, à une très lourde pénalité : 15 % d'impôts supplémentaires sur leurs bénéfices si elles augmentent un directeur à quelques mois d'un départ, de manière à gonfler sa retraite. Troisième contrainte, les avoirs en actions des directeurs et PDG seront gelés dès la première rumeur de rachat concernant leur entreprise. Enfin, les 700 directeurs de fonds d'investissement que compte le royaume reverseront au fisc 25 % des revenus tirés des actions qu'ils détiennent dans leur propre société.
Comment le Parlement néerlandais en est-il venu à prendre des mesures aussi exemplaires, dans un pays où les PDG gagnent deux fois moins qu'en France et quatre fois moins qu'aux Etats-Unis (1) ? «Nos siècles de combat contre la mer ont façonné notre culture égalitariste et notre vision du capitalisme, répond Jan Maarten Slagter, directeur de l'influente Association des ac