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Libération
Interview

«Bientôt, c’est le chômage qui va amputer le pouvoir d’achat»

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Eric Heyer, économiste à l’OFCE, commente la forte hausse du chômage en août :
publié le 27 septembre 2008 à 9h02
(mis à jour le 27 septembre 2008 à 9h02)
Que signifie la hausse du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE (30 000 à 40 000 supplémentaires en août selon le gouvernement)?

Elle est annonciatrice d’une inversion de tendance. En cause, deux phénomènes. La croissance ralentie ne permet plus de créer assez d’emplois pour compenser le nombre de personnes entrant sur le marché du travail. En sus, la politique de l’emploi vient amplifier le chômage. En 2005, Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin ont créé deux types de contrats aidés. Le traitement social du chômage n’était pourtant pas un outil traditionnel de la droite… En 2006 et 2007, le chômage a commencé à baisser, et les gouvernements ont décidé de détruire ces contrats aidés. C’était logique : on doit avoir recours aux contrats aidés quand la conjoncture est défavorable pour lutter contre le chômage, mais les détruire quand la croissance repart. En 2008, le gouvernement a donc programmé la destruction de 100 000 emplois aidés. Rien qu’au premier semestre, 45 500 ont ainsi disparu. Mais voilà le chômage repart : il faut arrêter cette destruction. Or, pour des raisons idéologiques notamment, je n’imagine pas que, lundi, après la réunion d’urgence convoquée par le ministère de l’Emploi, on nous annonce que le gouvernement réactive le traitement social du travail… Surtout après que Nicolas Sarkozy ait annoncé jeudi que 30 600 postes disparaîtront dans la fonction publique en 2009.

Quel impact la hausse du chômage peut-elle avoir sur les prévisions économiques, et donc sur le budget?

En 2008, l’économie française a souffert de quatre chocs : la crise financière, la crise immobilière, celle des taux de change et la crise du pouvoir d’achat, liée à l’envolée des matières premières et des denrées al